À propos de Michel Rossigneux, peintre, sculpteur, photographe
Une œuvre arborescente
Présenter le travail de Michel Rossigneux est une entreprise délicate.
En effet, toute sa vie, il a essayé de ne jamais se laisser piéger par une habitude, un consensus, un modèle ou le risque de devenir séduisant.
Aussi, cela donne une œuvre à bien des égards changeante, rétroactive, visionnaire.
Il n’est jamais tout à fait là où on l’attend.
Il aimait à dire que si l’on supprimait la signature de l’artiste, beaucoup auraient peur de n’être plus reconnus. Beaucoup abandonneraient souffrant d’un narcissisme envahissant dont le fait de devenir inconnu pour eux serait insupportable
Il suffit de prendre le temps de circuler dans cette œuvre riches d’expériences toujours nouvelles.
Sa démarche consiste souvent à se remettre sans cesse en question, passer au crible de l’interrogation.
Finalement de rester curieux de la vie dans son art même et dans son processus vital.
Il disait à 70 ans: « Je pense que j’ai fini mon apprentissage »
Il recommence sans arrêt, épaulé par le grand peintre HokusaÏ qui annonçait du haut de ses 80 ans : » je crois que je vais pouvoir commencer à peindre. »
Michel Rossigneux disait à qui voulait l’entendre : »Je pense que j’ai fini mon apprentissage » alors qu’il entrait dans sa soixante dixième année.
Il a pu se tromper, il a pu errer par moments, jamais il ne s’est découragé et pensant qu’il devait le faire à poursuivi son travail contre vents et marées.
L’homme à sa table
Être au monde au filtre du regard sur l’art dans toutes ses dimensions.
Être né sous l’influence romane débridée de Gilbertus, sculpteur roman ayant signé son œuvre dans la cathédrale Saint Lazare à Autun.
Cependant, il aimait à faire la cuisine avec la même attention que d’appliquer une couche de peinture.
Avoir le regard aiguisé de l’architecte sur tout ce qui sort de terre.
Confronter sans cesse l’ancien et le nouveau. Refaire le monde en permanence et ne faire aucune concession.
Allier l’art et le politique indiscutablement.
S’insurger contre l’enlaidissement des villes.
Par ailleurs, décider de se perdre en Orient, plusieurs fois. Prendre la route du grand pèlerinage d’Amrasat.
De toute évidence, tenter de se changer à travers l’art.
Être dans la ville, être dans la vie, être dans la pensée, être absolument dans l’art.
Préparer aussi son passage vers l’ailleurs: laisser 170 peintures, matérialisation de sa métamorphose d’être impliqué dans la vie jusqu’à devenir celui qui regagne sa table tous les jours.
Par cette approche, il entame une ascèse joyeuse mais radicale dans son choix de vie personnel.
Il reste très interrogatif sur le monde d’aujourd’hui, à son avis narcissique et de plus en plus corrompu par l’argent.
Enfin, Michel Rossigneux a pris soin de rassembler tout ce qu’il a pu conserver de son travail..
Il continue ainsi de nous questionner au moyen d’une œuvre riche, engagée, spirituelle.
Ce site est le chemin proposé pour aller à la rencontre de son œuvre, la faire vivre et la partager.
« Mon travail n’a rien à voir avec l’abstraction »
Quand à moi, mon travail n’a rien à voir avec l’abstraction, il s’agit de ce que je qualifie de « figuration intérieure ». Mais je conçois que pour les autres cela soit reçu comme une abstraction et je ne le leur reproche en rien, car j’admets que l’on peut bien mieux rêver, méditer, se concentrer devant une œuvre abstraite plutôt que devant la figuration qui impose son sujet au regardeur ainsi que ses limites. Cela me convient parfaitement.
Michel Rossigneux
Une poésie sensible et figurative
Dans l’univers de Michel Rossigneux, on ne sait si on s’avance de plus en plus ou si au contraire on s’éloigne confusément.
En effet les clefs ne sont pas forcement accessibles même si le travail reste fondamentalement à la portée de chacun.
Car chaque peinture met en œuvre une intuition de l’espace mental inventé par le créateur.
Parfois ténues, obliques, spatiales, et d’autres fois bruyantes, les formes se confrontent et dialoguent les unes avec les autres.
C’est donc la même rigueur éprouvée à chaque peinture, économie de moyens ramenant le travail à une véritable ascèse tout en permettant une grande homogénéité de l’œuvre.
Plus le travail avance et plus on se sent happé par le silence intérieur de l’artiste. C’est comme une mémoire chuchotée mais qui articulerait soigneusement pour n’en pas perdre un mot.
Comme une poésie indicible et visuelle qui tente un résumé de l’essentiel à chaque fois dans l’espoir d’en communiquer la substance primordiale.
Un travail intériorisé
Qui parlerait de quoi ?
De ce qui affleure et que tout un chacun peut partager de ce long travail intérieur que constitue notre mental en lien avec celui qui crée ces espaces étranges mais non pas étrangers du fait qu’ils sont dénués de références et au plus près de formes familières.
Il y a quelque chose qui grandit à l’intérieur de ce travail et qui fait naître chez le spectateur une approche à la fois paisible et silencieuse.
Agnès de Saint Barthèlemy
« Elle est retrouvée ? Quoi ? L’éternité… »
Arthur Rimbaud