Entre 2004 et 2013, Michel Rossigneux réalise « Météo pour la dernière étape », une série constituée de 143 grands formats (0,80 x 1,20m). Huile et techniques mixtes sur bois.
Ces météos, je ne les veux pas comme une série de peintures, mais bien plutôt comme une façon de cadastrer l’espace qui me reste à vivre et à œuvrer.
Michel Rossigneux
Michel Rossigneux travaille les « Météos » sur bois
Tout au long de sa vie, Michel Rossigneux a pratiqué la peinture.
Néanmoins les météos marquent une nouvelle étape importante.
En particulier, choisir de travailler sur du bois va lui permettre de faire des enfumages en partie ou sur toute la surface.
Il travaille donc avec le feu. Puis il fixe la trace de la flamme avec une bombe de colle, ou un vernis, ou une lasure transparente.
Grâce à ces procédés, il recherche un « arrière plan » qui donne déjà un aspect de profondeur.
Puis cette profondeur va souvent être remise en question par les aplats plus ou moins importants.
Alors une sorte de tension se crée entre le bois travaillé et le jeu des aplats.
Le format de chaque météo est identique: 0,80 x 1,20 m.
Elles se déclinent non pas comme une série définie mais plutôt comme une évolution à parfaire sans cesse, la prochaine restant toujours celle à accomplir et celle parvenant au but.
Quel temps fait-il à ce jour?
De quelle matière est faite le temps qui se déroule jour après jour? L’épaisseur du temps et sa tessiture pour aujourd’hui… La série égrène ce temps présent, présent de toutes ses forces et sans condition. Chaque peinture se présente ainsi comme une icône avec sa métrique, son ordonnancement et sa belle vitalité: un mélange de rigueur et de gaité qui rythme le parcours à venir.
Une peinture muette
Chacune des œuvres constitue une œuvre à part. Un peu comme si quelque chose avait lieu d’une alchimie secrète d’une peinture à l’autre. Il y a aussi un grand silence dévoilé avec son vocabulaire de sons inarticulés. Ainsi à chaque fois, une même énergie se déploie pour figurer la présence incontournable au monde. Cependant cette présence n’est pas toujours attendue, elle se manifeste par des voies diverses et surprenantes.
Silence à plusieurs voix, plusieurs épaisseurs.
Malgré leur indépendance, chacune résonne dans une continuité qui s’épanouit de l’une vers l’autre comme un crescendo musical. C’est ainsi qu’un silence à plusieurs voix, plusieurs épaisseurs, ne laisse pas de questionner celui qui regarde en toute innocence.
Une résonance s’insinue d’un tableau à l’autre.
Une météo insolite qui nous convie peut-être à des cieux immémoriaux. Cela engendre une expérience toute intérieure et spirituelle au delà de toute autorité. Il convient de se taire et de regarder à nouveau d’un regard d’enfant sans à priori et sans préjugés mais en tout cas de voir ce qu’il y a à voir en toute simplicité.
Agnès de Saint Barthèlemy
