Nous sommes vingt et un.
« 21 Petits Monuments » à l’Atelier rue du Soleil.
Petites sculptures, petites architectures.
En aucun cas des maquettes. Il l’a bien assez dit.
Nous sommes circonscrits dans un espace d’exposition blanc, du sol au plafond, aux murs.
Notre agencement a été soigneusement organisé, et nous voici par groupe de trois sculptures, mise en scène sur sept tables d’un matériau offrant une surface transparente comme support.
Il serait fastidieux de dire quelque chose de chacune.
Il faut souligner que chacune est différente et essentielle.
Plus précisément, de petites sculptures compactes, très denses, d’autres plus aérées,
Aussi d’autres encore plus élancées. Par ailleurs, le choix des couleurs est restreint: rouge vermillon, bleu cobalt, gris de la mine de plomb en accord avec du papier Japon.
Il pleut!
Donc le temps est maussade. Qui plus est, il pleut. Alors nous ne savons plus très bien qui va nous visiter.
Un homme en parka rouge entre, il tourne tout autour des supports.
Nous l’interrogeons du regard.
Puis un autre plus jeune, que nous connaissons comme un peintre du village, s’inquiète de ce qu’il voit. Sculptures ou architectures?
En fait tout cela convient, à cause de ce mélange inextricable d’être toujours au cœur de cette préoccupation. Alain Roger (de l’Atelier rue du Soleil) les a bien nommées: architectures sculptures.
Finalement, en peu de temps la salle se remplit.
Certains sont attentifs à ce qu’ils découvrent.
Certains sont intrigués, curieux de ce projet, de sa genèse.
Et puis la maîtrise technique, la rigueur, l’invention en épate d’autres.
Des espaces déclinés autour du vide
Nous les voyons s’approcher, s’avancer, décrire des figures entre les tables.
Tandis que nous savons chacune que nous sommes une déclinaison autour du vide une tentative de créer un espace qui se lirait à contre courant.
De la même façon que la cruche définit par sa forme particulière un espace dédié à un breuvage. Parce que celui-ci ne peut exister qu’à cause du vide, de la matérialité du creux.
Orchestré parce qu’aucun monument n’est semblable, aucune répétition, même si une grande homogénéité nous rassemble.
À voix basse parfois, des chuchotements.
A voix basse parfois, des chuchotements.
Cependant qu’à voix haute des groupes se parlent.
Des questions se posent.
Dans l’embarras d’y apporter une réponse au plus près de ce que je vois, de ce que je sais.
Sur Michel Rossigneux aussi, celui qui a conçu tout cela.
Sur la période qui concerne ce travail.
L’idée de travailler dans cet esprit de miniaturisation à cause du fait qu’il n’avait plus d’atelier. Dans la salle à manger, nous sommes nées tour à tour, entre les repas et les veillées.
Personne n’a su que nous n’avions jamais existé toutes ensemble mais par morceaux, à deux ou trois.
C’est la première fois dans ce lieu de l’Atelier du Soleil de Fraïssé des Corbières que nous pouvons enfin nous réunir.
Les 21 petits monuments.
Beaucoup d’échanges et de paroles, on a presque oublié de boire…
Une sorte d’interrogation s’est inscrite autour des fentes, des ouvertures, du vide.
Il m’a semblé que quelque chose était évoqué autour de la beauté, de la ferveur.
Je pense qu’il en aurait été heureux.
Agnès de Saint Barthèlemy