Naissance d’une amitié.
Au cours d’expositions collectives et de symposium, Michel Rossigneux a l’occasion de rencontrer d’autres artistes. Des amitiés durables se nouent.
Il serait vain d’en faire le catalogue mais peut-être d’en donner une expérience. Au symposium de Port Barcarès, ils sont huit sculpteurs à s’affronter, se mesurer, se rencontrer. Parmi eux Henri Comby et Michel Rossigneux.
Une expérience unique
L’enjeu de cette œuvre collective est de dresser huit totems sur le littoral, face à la mer et sculptés dans un bois africain imputrescible. À l’issue de ces journées de travail et d’échanges, les totems se dresseront et de vraies amitiés naîtront. Ainsi Henri Comby et Michel Rossigneux auront à cœur tout au long des années suivantes d’initier des partages. De mener des recherches aussi avec les étudiants de leurs écoles d’art respectives Toulon et Nice. De la même façon, ils confrontent leurs travaux. Ils discutent aussi bien de politique culturelle toujours problématique, d’art, de leur passion de la vie. Mais aussi des journaux entrepris par chacun ou de la charcuterie divine des parents de Comby au Puy en Velay d’où il est natif.
Coups de gueules et rires aussi
Ils échangent le vin, le Bourgogne, le Nuit Saint Georges ou l’Aligoté de Michel, tout au long des soirées soutenues par l’excellente cuisine de Juliette.
Comby possède un atelier étonnant, une véritable ruche où le travail est régulier et forcené. Atteint de la maladie de la pierre, il ne s’économise pas.
Il était impossible de repartir sans un cadeau de Comby. C’était toujours le meilleur lien pour se suivre, parfois s’écarter, être toujours en alerte de sa propre histoire. De pouvoir aussi être ce frère d’adoption qu’on garde précieusement tout au long du parcours. Même s’il y a des divergences, surtout parce qu’il y a des divergences.
Pensées pour Comby
Michel est impressionné de toutes ces sculptures en pierre évoquant à la fois des portraits ou autoportraits et une sexualité primitive comme celle que l’on perçoit parfois dans la statuaire du Moyen Âge.
Elles étaient dispersées dans le parc de leur si belle maison du Var où se tenait aussi son atelier.
La visite à l’atelier est un rituel rejoué à chaque visite. Comme elles n’avaient pas lieu forcément chaque année, on redécouvrait de nouvelles orientations, de nouvelles matières, des pratiques évolutives qui permettaient des échanges nourris. Henri Comby est décédé en 2004. Comme dans la chanson de Brassens, « son trou dans l’eau ne s’est jamais refermé ». Michel Rossigneux a gardé pour lui une sorte d’affection irréversible. Du fait aussi qu’il savait par expérience la compagnie des artistes difficile. Avec Comby l’amitié était généreuse, ouverte, et sans arrières pensées.
Agnès de Saint Barthèlemy